maj décembre 2010
L'origine de la famille Pathé / La jeunesse d'Emile et de Charles
Commençons par parler de Jacques Pathé, alsacien d'origine né le 29 octobre 1831 à Altkirch d'une famille de boucher-charcutier. C'était un colosse de près de deux mètres de haut, de belle prestance, qui, en ces années 1850 était militaire à Paris affecté à la garde rapprochée de Napoléon III, les Cent-Gardes. A Paris, il connut une jeune fille de son pays, Emilie Kech, et une idylle naquit rapidement entre eux. De cette idylle naquirent à Paris Jacques en 1858, et Emile en 1860. Cependant, la morale de cette élite militaire était bien rigide et n'acceptait pas la présence de ces 2 enfants hors mariage, et la solde était maigre pour nourrir cette famille. Jacques fut donc obligé de quitter l'armée Il épousa Emilie en 1862 à Paris et comme Jacques connaissait le métier de boucher, ils s'installèrent comme boucher-charcutier dans un petit village agricole de la Brie, Chevry-Cossigny, à une trentaine de kilomètres à l'Est de Paris où la famille s'agrandit. Le travail était difficile, le magasin ne vendait qu'à la population du village, et les Pathé durent étendre leur commerce sur les marchés tels que celui de Nangis (à 40 km de Chevry-Cossigny) ou à la Villette directement. Les parents quittèrent ce village en 1866. Emile avait alors 6 ans et ne reporte pas de souvenir de cette époque. Ils achetèrent une boucherie à Vincennes où naquit Joséphine (qui décédera en 1892 des suites d'un accident). Tous les enfants grandirent dans l'Est parisien. Pour bien comprendre la situation familiale, il faut aborder la personnalité de ce père. Jacques était une personne qui ne voyait son salut que dans le travail et qui comprenait ses responsabilités de père de famille dans ces conditions difficiles. Voilà quelqu'un qui a quitté l'armée parce qu'il avait eu deux enfants hors mariage, et qui a su faire face à sa destinée, en s'installant comme boucher-charcutier ambulant dans un modeste village de la Brie. Il a réussi, à force de persévérance et d'acharnement au travail à obtenir une situation à Vincennes où il a gagné le marché des cantines des casernes de Vincennes et Saint-Maur. Il a su mettre sa famille à l'abri du besoin, et même à obtenir une certaine aisance. Très tôt il a inculqué à ses enfants le sens du travail, en les mettant au façonnage des charcuteries dans son arrière boutique, quitte à leurs laisser négliger les devoirs d'école à laquelle il croyait peu. Même s'ils souffrirent de ces conditions, cependant, ils surent garder ce sens du travail auquel ils doivent certainement leur réussite. |
Jacques Pathé en grande tenue en 1853 |
Emile, le personnage central de notre histoire, est donc le second
d'une famille de 5 enfants. Il est né à Paris en 1860. Il
avait trois frères, Jacques (1858), Charles (1863), Théophile
(1866) et, une sur, Joséphine (1871). Après ses études, Emile se maria avec Laurentine Sabouret
en décembre 1884 (née en 1865). Il devint patron d'un café
à Montreuil-sous-Bois, il et y fonda une famille: Jacques nait
en septembre 1885, Charles en septembre 1886, Rodolphe en novembre 1887,
puis |
![]() Une vue du lieu du commerce (Source: détail d'une carte postale vers 1910) |
Charles a beaucoup d'énergie, il veut réussir. A quatorze
ans, il a définitivement quitté l'école, et fit des
journées de quinze heures d'apprentissage très dures chez
un boucher rue de Charenton à Paris. Il devance ensuite son appel
au service militaire qui durait quatre ans et demi et qui l'occupa jusqu'en
1888. Ce que l'on peut noter c'est qu'historiquement l'Argentine était un pays qui avait la faveur des l'immigrants. Statistiquement, entre 1880 et 1900, elle reçoit plus de 2 millions d'immigrants d'Europe. 40% des ces personnes revinrent en Europe, après avoir trouvé que les conditions en Argentine étaient trop difficiles. En 1888 et 1889, le gouvernement argentin avait même établi la gratuité des traversées de l'Atlantique et payé les premiers jours d'hôtel à Buenos Aires pour attirer des nouveaux venus ! Charles ne profitera pas de ces conditions avantageuses, réservées
aux plus démunis. Avec les économies qu'il a réunies,
il s'embarqua sur un de ces bateaux de pauvres émigrants qu'il
décrit avec compassion. Il a tenté de s'établir dans
divers métiers de petites industries. On le voit même s'aventurer
dans le blanchissage basé sur des machines à laver industrielles
Tout
cela ne marche pas. Il n'arrive pas à se fixer, change fréquemment
de métier, lui et son associé de l'époque attrapent
la fièvre jaune, il va en réchapper, mais son associé
en décédera. |
Etrange carte postale! Elle semble être datée des années 1920, et pourtant, on y croirait voir la boucherie de Vincennes. Qui saura l'identifier exactement? |