De septembre 1918 à maintenant : L'époque moderne

De 1918 à 1928 : la Société des Machines Parlantes Pathé Frères

En 1918, la séparation des branches cinématographique et phonographique est avérée. Le département phonographique de Pathé est cédé au groupe financier Bernheim et porte désormais le nom de la "Société des Machines Parlantes Pathé Frères"

Emile Pathé en sera le Directeur.

Emile et Laurentine Pathé

En 1920, début de Pathé aux Etats Unis avec les disques "Actuelle" Ces disques ont été diffusés aussi en Angleterre à partir de septembre 1921 où Pathé avait une usine. Ces disques utilisaient la gravure latérale, vu que le marché était déjà bien occupé par les concurrents qui avaient adopté ce standard. Ils étaient réalisés aussi par le pantographe (bien que le procédé de transfert Cylindre vers Disque à gravure latérale n'ait jamais été bien compris...), suivi d'une galvanoplastie.

En 1923, Pathé commence à construire des postes de radio à lampes à l'usine de Chatou, donnant ainsi à la société des compétences en électronique. Les premiers appareils sont à batterie, à lampes extérieures, et s'appellent le Pathéola et le Concordia. Un amplificateur de puissance est également proposé. Un haut-parleur extérieur à membrane en carton porte le nom de 'Radiodiffusor'.

En 1924, Emile Pathé construit un nouveau bâtiment à Chatou pour recevoir l'atelier de galvanoplastie. L'ancien atelier était logé dans les sous-sols de bâtiments existants et ne répondait plus aux normes de la production qui augmentait sans cesse.

Le virage de l'enregistrement électrique

Tous les efforts techniques des concurrents (enregistrement électrique, reproduction électromagnétique, égalisation) sont portés sur les disques à aiguilles. Aux Etats-Unis, la Bell Laboratories qui travaillait depuis 1920 sur la gravure électrique a fait une démonstration publique en 1925 de son savoir-faire.

disque à aiguille

Alors que les archives des autres fabricants de disques étaient sous forme de 'galvanos', la firme Pathé était quasiment la seule à avoir un stock colossal d'archives sous forme de cylindres en cire, et il n'était pas question d'y renoncer. Il a fallu étudier et mettre au point un lecteur électrique de ces cylindres, et ensuite graver les disques électriquement afin de remplacer le fameux 'poisson'. D'autres comme les laboratoires Bell aux Etats-Unis avaient bien mis au point dans les années 20 des graveurs électriques de disques, mais qui ne s'appliquaient que du coté disque, pas du coté cylindre...

Pour Pathé, comme l'objectif était de remplacer le fameux 'poisson' par un lecteur-graveur, la difficulté est plus grande que de graver un disque à partir d'un enregistrement électrique. La firme Pathé utilise ses propres bureaux d'études de Chatou et tarde à prendre ce virage décisif dans la qualité du son. Ses dirigeants voulaient absolument utiliser le stock d'enregistrements sur cylindres 'master' qui avait fait la fortune de Pathé en son temps...

Devant la baisse de la demande, Chatou va fabriquer en sous-traitance des disques à aiguille à Chatou. On commence à murmurer que le disque à saphir est plus mauvais que le disque à aiguille et les ventes s'en ressentent...

Ce n'est qu'en 1927 que Pathé commence à exploiter les techniques électriques sur les disques. Une machine a enfin été mise au point et a permis enfin les transferts des cylindres vers la gravure latérale. Une petite série de disques à gravure latérale ("à aiguille") intitulée 'Ceux qu'on entendra plus' en témoigne. La production des disques à saphir se fera désormais en parallèle de celle des disques à saphir, les mêmes titres sortent désormais dans les deux technologies sous la marque 'Pathé'.

1928 : Démantèlement et fusions

Vers les années 1927, Emile Pathé éprouvait déjà des difficultés face à ses concurrents. La gestion de la croissance avait été un succès depuis le début, même s'il y a eu quelques crises. La production mondiale du disque est à peu près stabilisée, peut être même la capacité de production est supérieure a la demande. Il a 67 ans déjà et la combativité qu'il a montrée dans les années de croissance et qui ont permis à la firme Pathé d'arriver au sommet que l'on lui connaît et d'avoir quasiment éclipsé les marques concurrentes du sol français pendant de longues années s'est émoussée… Citons un des ses employés ; M.Jacques Siméon, qui deviendra directeur de l'usine de Chatou.

Dès 1928, les activités du groupe Pathé se trouvent démantelées. La compagnie anglaise Columbia rachète tout le département phonographique (les usines anglaises et de Chatou) afin de "satisfaire aux besoins de Pathé et des autres compagnies amies" . Elle va continuer la marque, mais sans le fameux Coq qui est maintenant réservé au département cinématographique. Emile deviendra Président de la nouvelle société qui prend pour nom 'Société Générale de Disques' et qui gardera le nom commercial 'Pathé'. Cependant, La Compagnie des Machines Parlantes Pathé-Frères ne détiendra plus qu'un tiers des actions...

Emile va s'éloigner du monde des affaires et s'établira, près de Pacy-sur-Eure, à Fains, dans une propriété, le Moulin.

Par ailleurs, au niveau de l'usine de Chatou, M Heurteux devient le nouveau directeur. Il était le directeur de la société Anonyme Régor, de Boulogne, qui fabriquait les disques Columbia. L'usine va presser des disques pour Gramophone, Odéon…

En 1931, la firme anglaise EMI était créée à partir de HMV et Columbia. Emile décide peu après de se retirer définitivement et pour des raisons de santé, déménage à Pau, pays d'origine de son ami, Louis Barthou, célèbre ministre de plusieurs ministères durant les années 20. (il fut assassiné en même temps que le Roi Alexandre de Yougoslavie à Marseille en 1934).

Curieusement, d'autres chanteurs des débuts du phonographe, comme Vaguet, avaient eux aussi élu domicile à Pau et rencontrèrent Emile la-bas. Après une vieillesse paisible, il meurt en 1937 âgé de 77 ans. Il repose au cimetière de Saint Mandé, près de Vincennes où il a passé son enfance. Il laisse 5 enfants, Jacques, Charles, Irène, Maxime et Mireille.

La firme Pathé après 1932

Une nouvelle usine verra le jour en 1932 en face de l'usine de 1900 qui sera rasée. Elle prend la place des anciens établissement Grivolas qui fabriquait des munitions pendant la première guerre. Conçue sur un modèle anglais entre 1929 et 1931 par le cabinet londonien Walllis, Gilbert et Partners, l'édifice est en béton armé et verrières, style Art Déco.

La branche française Pathé prend le nom de Pathé-Marconi en 1934. Elle reprendra comme emblème le fameux chien Nipper, au lieu du Coq qui appartiendra à la firme cinématographique. En 1935, Jean Bérard prend la tête du groupe français.

Plus aucun disque " à saphir " n'en sortira. Le disque à saphir est définitivement mort, au profit du 78 tours, appelé " Needle cut ".

L'histoire continuera pour l'usine de Chatou. On notera ces quelques dates:

  • 1951 : 1er 45 tours vinyle pressé en France à l'usine Pathé à Chatou (Yvelines). Cette production prendra progressivement la place des 78 tours. Ces disques bénéficiaient outre d'un matériau plus silencieux que les anciennes laques, d'une correction du signal sonore qui autorisait une plus grande durée de l'audition sur ces petits diamètres, et qui diminuait encore un peu plus le bruit de fond. Cette correction entraînera une modification des préamplicateurs qui vont être équipés de la transformation inverse.

  • 1957 : Le 78 tours disparaît définitivement au profit du microsillon sur un support en vinyle.

  • Entre 1957 et 1991 : l’usine a produit en grand volume des musicassttes audio.

  • 1991 : L'usine va fermer ses portes et la production sera délocalisée en Allemagne.

  • 1993 : Le bâtiment construit à Chatou par Columbia est désaffecté, la mairie de Chatou se demande bien que faire de cette usine qui est vouée à la démolition. Elle est vendue à un promoteur privé. Une pétition est organisée par une association de Chatou pour préserver cette relique. Bien qu'ayant réuni un grand nombre de signatures, ce batiment située rue Brunier-Bourbon et qui, faute de l'entretien qu'il méritait, restait squatté et couvert de tags, sera finalement détruit en 2004 pour laisser place à une zone d'habitations. L'occasion de créer un lieu public où l'on aurait pu montrer l'histoire du disque en France a été malheureusement ratée pour d'autres intérêts... financiers.