Albert - Désiré VAGUET naît à Elbeuf sur Seine le 15 juin 1865. Très jeune, il chante dans des Concerts de la commune (à l'Eglise, à la Fanfare). Bien qu'issu d'une famille modeste, il frèquente le Conservatoire de Paris et il est finalement reçu en 1886.
En 1887, le service militaire interrompt ses études et il est caserné au Havre. C'est là-bas qu'il chantera pour la première fois devant un large public, et c'est pour lui un triomphe.
Après le service, il reprend le chant avec Barbot, Ponchard et Obin. Puis à la suite du Concours du Conservatoire (le 21 juillet 1890), il est engagé à l'Opéra pour débuter dans le rôle titre de Faust (Gounod), le 29 octobre (rôle qu'il jouera près de trois cents fois). Par son style vocal et son jeu de scène, Albert Vaguet va conquérir les habitués de l'Opéra.
Il restera au Palais Garnier pendant douze ans créant de nombreuses oeuvres :
en 1892, Stratonice (rôle d'Antichus)
en 1893, L'Or du Rhin (Loge, Froh et Mime)
en 1894, Déidamie (Achille) (avec Mme Chrétien, rôle de Déidamie), Djelma (Vaguet est Nouraly, Mme Chrétien est Djelma), Otello (Cassio, avec Saléza (Otello)), Gwendoline (Armel)
en 1895, Frédégonde (Fornatus) Le duc de Ferrare (Alphone)
en 1897, La Damnation de Faust (Faust), Les Maîtres Chanteurs (David)
en 1898, La cloche du Rhin (Konrad), La Burgonde (Zerkan)
en 1899, Briséis (Vaguet est Hylas, Chrétien est Thanasto)
en 1900, Lancelot
en.1901 Astarté Le Roi de Paris (le Roi), Les Barbares (Marcomir) et La vie du poète.
Il jouera avec les plus grands de ce monde: Mmes Melba, Delna, Ackté, Grandjean, Caron, Bosman, Sybil Sanderson, MM. Delmas, Plançon, Melchissédec Noté, Chamhon, Tamagno, Renaud, Fournets, Escalaïs, Lassalle et Saléza.
En 1894, Vaguet épousera une camarade de scène, Albertine-Marie Chrétien née à Paris le 8 mars 1872. Son parcours est étonnant, elle obtient un premier prix de piano à 14 ans, puis s'oriente vers le chant avec les professeurs Melchissédec et Raoult-Delapre. Alba, c'est son nom de scène, possède une belle voix de soprano-falcon. Elle deviendra une cantatrice réputée et appréciée sur de nombreuses scènes françaises et étrangères, se produisant également à Bruxelles, Aix-les-Bains, Lyon, puis à Pau. Elle créa Déidamie, Le Rêve, etc.
Il excelle aussi dans la mélodie dont il se fait rapidement une spécialité chez Pathé, avec notamment La Vierge à la Crêche.
Mais aussi des mélodies de Jules Massenet, Justin Clérice, Jules Darien, Emile-Abel Chizat, Gabriel Fauré, Henri Duparc (Chanson Triste), etc. On peut noter que La Vierge à la Crèche fut un des deux plus grands succès de Pathé-Frères lors de l'introduction du disque en 1906.
Il joue pour la dernière fois à l'Opéra dans Lohengrin le 2 février 1903, car après quelques signes de faiblesse vocale, il préfère se retirer. Albert a alterné trop de rôles qui n'étaient pas dans son registre ; car bien qu'étant un ténor de demi-caractère (dit " ténor d'opéra-comique ", il est allé jusqu'à chanter des rôles de ''fort'' ténor).
Alba restera jusqu'en septembre 1904, et dès 1906, le couple quitte Paris. Leur ami, le ténor Albert Saléza (1867-1916, créateur de La Bohème, Otello, Salammbô) ayant invité plusieurs fois les Vaguet en Béarn, son pays natal. Celui-ci les décide à se retirer loin de la capitale. Ils acquièrent une superbe villa à Nay, près de Pau. Malgré l'éloignement, Vaguet va continuer d'enregistrer des disques (près de 300 enregistrements) pour la firme Pathé, un contrat les liant depuis 1900. Alba donnera quelques dernières représentations au "Palais d'Hiver'' et se consacrera à l'enseignement du chant à Pau. Ils profitent enfin de la vie de famille et goûtent le calme de la campagne.
Albert décède le 22 février 1943 à Pau. AIba lui survivra vingt ans, jusqu'au 28 février 1963, elle vivra une paisible retraite entourée de ses 2 filles et arrières petits enfants.