Il est né le 12 septembre 1888 à Ménilmontant. Sa mère est couturière et son père est peintre en bâtiment. Il a deux frères. Il étudie chez les Frères à Paris. Très jeune, sa mère lui fait découvrir le Caf-Conc, au Palais du Travail, rue de Belleville, un souvenir passionnant qui décide de sa carrière. Son père quitte le foyer familial et sa mère élève seule ses trois enfants, travaillant comme femme de ménage en plus de son travail de couturière... Pas de richesse, mais plutôt une période de privation et de travail. A l'âge de 8 ans, Maurice passe un séjour aux Enfants Assistés, un hospice pour enfants orphelins, pendant que sa mère est hospitalisée. Son frère aîné Paul est devenu chef de famille avec son salaire de graveur sur métal. La situation familiale s'améliore un peu et la famille continue d'aller aux spectacles au Palais du Travail ou au Concert du Commerce, au Cirque Médrano...
Maurice rêve de rapporter de l'argent à la maison. Il commence à apprendre les acrobaties dans la rue et conçoit avec son frère Paul en 1898 le projet de monter un spectacle. Hélas, faute d'une constitution solide, ce projet échoue et Maurice doit apprendre un autre métier.
Il souhaite devenir chanteur comique et répète le soir après avoir été apprenti à divers métiers (menuisier, imprimeur, commis...). A l'âge de 12 ans, il est donné une représentation au Café des trois lions, qui s'avère être un échec... Maurice ne connaissait pas la musique et pour la première représentation le pianiste était 3 tons en dessous de sa voix très aiguë d'adolescent. .. Il persévère et chante deux soirs par semaine, gratuitement.
Alors qu'un nouveau Café-Concert est créé sous le nom d'Elysée-Ménilmontant, Maurice Chevalier est autorisé à y chanter en amateur. Il y rencontre Gilbert, le « Mayol des Tourelles », qui le recommande au directeur du Casino des Tourelles. Nous sommes en 1901. Après une audition, il obtient son premier engagement, cette fois payé 12 francs par semaine !
Il séjourne trois semaines au Casino des Tourelles et continuera au Concert du Commerce, puis à La ville Japonaise (boulevard Strasbourg) pour 21 francs par semaine. Il va au Casino de Montmartre, puis à Fourmi. Agent lyrique et obtient un engagement au Concert de l'Univers, avenue de Wagram. Son salaire de 35 francs par semaine lui faisait croire qu'il avait définitivement fait carrière. Ses chansons sont souvent crues, frisant malheureusement l'obscénité...
Il enchaîne les tournées des cafés-concerts de Paris et démarre même en province : Le Havre, Amiens, Tours. Il essaie le Petit Casino et son répertoire et l'expression de son visage lui fait prendre une veste... La suite est difficile pour lui et sa mère : il ne trouve pas de travail, la famille n'a pas d'argent jusqu'au jour Parisiana, sous la direction de Paul Ruez, lui propose un engagement avec le magazine "Satyre Bouchonne" pour une durée de 6 mois à 9 francs par jour ! Morris avait alors 15 ans. Il y rencontre Wilbert, Fragson (avec qui il restera en mauvais termes).
Il interprète les chansons de Dranem, Buco, Sergius, Dorville à l'Eden-Concert d'Asnières et remporte un grand succès ! Lille, puis Marseille, où il a captivé le public. En 1906, il joue des rôles comiques au Théâtre Saint-Martin. Il joue également des rôles comiques dans le cinéma naissant chez Pathé Frères à Vincennes avec Max Linder entre 1906 et 1908. Il pratique la boxe anglaise et apprend les claquettes et la danse américaine. Il se lie d'amitié avec Henri Christine, qui lui écrit Dranem à l'Eldorado lors de son périple de deux mois à la campagne. Puis les Follies-Bergères... Son répertoire s'améliore, il apprend à être "charmeur". Les Ambassadeurs en 1910. Il aurait eu une brève liaison avec Freel, il ne s'en vante pas dans ses mémoires…
Il rencontre Mistingette et tombe amoureux d'elle. Il a 22 ans. Elle a 35 ans.
En 1910, c'est Buco qui fut la révélation. Maurice Chevalier se sent abandonné par le public et par son engagement auprès des Ambassadeurs puis des Folies-Bergères. Il va à La Cigale.
Il est appelé au service militaire en décembre 1913 puis à la guerre. Il fut blessé et capturé en Allemagne, interné au camp d'Alten-Grabov, où il servit comme infirmier. C'est là qu'il apprend l'anglais. Il est échangé par la Croix-Rouge en 1916 et revient à Paris comme soldat réformé. Il revient au spectacle et doit se réadapter à un public plus jeune que celui qu'il a connu. Il joue avec Mistinguett dans "Gobette de Paris", puis part trois mois à Londres et revient à Paris, Bordeaux...
Il tombe dans le registre "élégant" et "coquin de bon goût" qu'il ne quittera plus : une canne, huit pièces, puis, en 1921, un smoking et un bateau. Il joue au Casino de Paris, et Gustave Quinson lui propose un rôle clé dans les Bouffes Parisiens dans Dédé de Willemetz et Christine. Il est notamment applaudi dans l'une de ses chansons préférées "In Life You Don't Have To Worry".